En cette année mille quatre cent soixante dix sept se présente un gentil chevalier nommé messire Thierry de Lalaing, pour faire et accomplir certaines armes en la Conté de Provence, à une place nommée la Fontaine Endormie, dont le contenu des lettres et chapitres de celui-ci s’ensuit :
A la louange et ou nom de Dieu, de la glorieuse vierge Marie, de monseigneur Saint-Jacques, de madame Saincte-Anne et de monseigneur Saint-Georges, conduiseur de toutes bonnes armes !
Les nobles et vaillants chevaliers et écuyers souhaitent avoir connaissance l’un de l’autre, et trouver à employer à l’exercice de la très noble usance d’armes, par lequel ils ont acquis et acquièrent chaque jour bonne renommée qui toujours dure.
C’est ainsi qu’un chevalier noble de toutes lignées et sans reproche, qui de tout son cœur désire à apprendre et expérimenter les très nobles faits d’armes, a entrepris et entreprend, à l’aide de Dieu et de la glorieuse vierge Marie, et devant l’excellent et très puissant prince et redouté seigneur monseigneur le bon roi René, roi de Jérusalem, comte de Provence et de Forcalquier, duc de Bar et d’Anjou, qui de sa grâce et franchise lui a consenti et accordé ce qui s’ensuit :
Il fera un an entier, tous les jours de chaque mois, tendre devant la Fontaine Endormie, en la conté de Provence, dans la ville de Marseille auprès de la chapelle Saint-Nicolas, un pavillon devant lequel sera un officier d’arme, de bonne renommée, qui se tiendra chaque jours prévu, accompagné d’une dame, laquelle audit pavillon tiendra une licorne portant trois targes, Que pourront toucher ou faire toucher, Rois d’armes, Héraults d’armes, poursuivants d’arme, tous nobles chevaliers et aussi tout écuyers noble et sans reproche, lesquels seront tenus de faire apparaître par un prince ou chevalier ou officier d’arme un sceller justifiant qu’ils respectent bien les condition dessus écrites et respectent les chapitres suivants ;
1.Et ce commencera le premier jour du mois de septembre 1477, et finira le dernier jour de septembre l’an 1478.
Le gardien du pas sera accompagné de chevaliers et ou écuyers qui l’aideront à tenir le pas si plusieurs nobles assaillants se révèlent le même jour.
2.Les trois targes dont mention est faite seront de divers couleurs. La première sera noire, la seconde rouge et la troisième jaune.
3.A l’encontre de celui qui a touché à la targe noire, le gardien du pas sera tenu de fournir jour et échanger autant de coups de Hache que celui qui a touché la targe en aura fait demande. Et si l’un des deux est porté à terre ou perd sa Hache, les armes seront tenue pour accomplies.
4.Ils combattront de haché à dague semblables, que le gardien livrera et que l’étranger pourra choisir avec lequel des deux il veut combattre.
5.S’il advient que l’un des deux est porté à terre en combattant, au jeu de la hache, celui à qui cela adviendra sera tenu de servir le vin à l’autre.
6.Si il arrive qu’un des deux combattants soit désarmé de sa hache, il devra aller présenter ses hommages et offrir un présent de son choix à la dame de son pays qui en mériterait selon lui le plus l’honneur.
7.A celui de dehors qui donnera le plus beau coup de hache dans l’année, de l’avis du Gardien du Pas, sera donnée, par celui-ci, une écharpe d’or avec une hache brodée dessus, laquelle lui sera remise par un officier d’armes ou envoyée.
8.A celui qui touchera la targe rouge, le gardien sera tenu d’accomplir un jour, autant de coups d’épée longue à trois pas de démarche entre chaque coup, sans poursuite, que ledit chevalier ou écuyer aura requis.
9.Pareillement ils combattront d’épées semblables que ledit entrepreneur livrera sur place, celui de dehors pourra choisir.
10.Si il advient qu’en combattant d’Epée, l’un des deux soit porté à terre de tout son corps, celui à qui cela adviendra sera tenu de livrer un présent de la part de qui l’a porté au sol et à la dame, que ce même lui aura choisi.
11.A celui de dehors qui donnera le plus beau coup d’épée dans l’année, de l’avis du Gardien du Pas, sera donné, par celui-ci, une écharpe d’or avec une épée brodée dessus, laquelle lui sera remise par un officier d’armes ou envoyée.
12.A l’encontre celui qui touchera la targe jaune, Le Gardien du pas sera tenu d’accomplir le jour dit autant de coups d’épée courte sans retraite que ledit chevalier ou écuyer aura mander. Si les deux le souhaitent, des écus ou targes pourront être employés.
13.Celui de dehors qui offrira le plus beau combat dans l’année, à l’avis du Gardien du Pas, lui sera donné une écharpe d’or avec un écu brodé dessus, laquelle lui sera remise par un officier d’armes ou envoyée.
14.Liberté est donnée à chacun de s’armer comme bon lui semble d’harnois double ou simple, pourvu que ce soit des harnois convenables pour nobles hommes et pour le combat en lice ou champs clos, et aussi que ledit harnois n’ai point de trucage , barat ni quelque onques mauvais engins.
15.Il sera donné à tous chevalier ou écuyers du dehors qui toucheront ou feront toucher les targes, une feuille dorée émaillé de la couleur de la targe qu’ils ont touché.